9 janvier 2012

Samuel Pozzi

                                                             Le professeur Samuel POZZI:: chirurgien… numismate… séducteur… sénateur… collectionneur…
       Comment s’étonner que Bergerac compte un nombre important de collectionneurs de monnaies, alors que le plus célèbre des numismates, dont la collection fait toujours  référence, est lui même natif de Bergerac ?  Dans le monde entier, les collectionneurs de monnaies grecques connaissent le catalogue de vente  » Le Pozzi « , qui est le référencement le plus complet de cette période de la numismatique. La collection Pozzi a été dispersée en 1921, à Lucerne en Suisse, trois ans après la mort tragique du célèbre professeur.
Pozzi avait rassemblé plus de 8500 monnaies, .ainsi que des statuettes des tanagras, des terre-cuites  etc…
Seuls figureront au catalogue de cette vente, les 3334 numéros qui concernaient la zone sous influence grecque du bassin méditerranéen : Italie du sud, Sicile, Grèce, Afrique du nord et Asie de l’ouest.
 
       Et oui le très célèbre professeur POZZI, est bien né à Bergerac, rue Neuve d’Argenson, le 3 octobre 1846. Après des études de médecine à Bordeaux puis à Paris, il se dirigera vers la chirurgie, il obtient son agrégation en 1875, puis il est nommé à l’Hôpital Broca en 1883. Très attentif aux multiples formes d’infections, il vulgarisera les pansements antiseptiques, et imaginera de nombreux procédés de désinfection des plaies. Puis il se consacrera de plus en plus à la gynécologie. Il sera successivement membre puis vice président de l’académie de médecine, et lauréat de l’institut. Il sera fait Commandeur de la Légion d’Honneur, Il restera toutefois fidèle à sa Dordogne natale, où il avait acquis le domaine de  » La Graulet  » commune de Bergerac.
Il a également été sénateur de Bergerac de 1898 à 1903. Il y est enterré au cimetière du Pont-Saint-Jean.
 
      Samuel POZZI,  conscient de sa superbe prestance, était à la fois homme du monde raffiné et grand amateur d’art. Aussi grand amateur de femmes, parmi ses conquêtes, il comptera Sarah Bernard qui l’appelait « Docteur DIEU », madame Gautreau, madame Aubernon pour qui il était  » L’amour médecin « , et nombre de ses patientes qu’il n’hésitera pas à séduire. Mari volage et infidèle, il consolait sa femme en lui déclarant : « Je ne vous ai pas trompée, je vous ai complétée ». Du même pas il partait à Bruxelles rejoindre sa « Grande Amie », vers laquelle madame Pozzi n’hésitait pas à le diriger lorsqu’il paraissait taciturne. C’était le médecin de la grande bourgeoisie du Tout-Paris. Il avait pour clients, les Rotschild, Anatole France, la princesse Mathilde, la famille Proust dont il était l’intime, (Samuel Pozzi aurait servi de modèle au docteur Cottard de la recherche du temps perdu). Un certificat médical (de complaisance ?), signé Pozzi, dispensera Marcel Proust de rejoindre le front ! Il s’était aussi fait un ami du célèbre peintre américain John Singer Sargent, qui était aussi son client. Celui-ci réalisera un extraordinaire portrait de Samuel Pozzi, en pied, grandeur nature, habillé d’une robe d’intérieur rouge. Pose théâtrale, ou l’on observe à la fois la grâce, la séduction, la beauté, et la finesse des mains du chirurgien. Ce tableau est actuellement conservé au musée de Los Angelès. Engagé volontaire en 1870, il rejoindra, malgré son âge avancé, le service hospitalier des armées lors de la première guerre mondiale.


La Graulet, propriété Bergeracoise du Pr Pozzi

  Le 13 Juin 1918, dans son cabinet parisien, un de ses patients, frappé de démence, lui tirera plusieurs balles de pistolet dans le ventre. Il décédera le lendemain. Le « Tout Paris » se pressera à ses obsèques qui auront lieu en l’église réformée de la Grande Armée. 
 Son inhumation se fera dans sa bonne ville de Bergerac.
  Sa vie tumultueuse lui aura tout de même laissé le temps de réunir cette extraordinaire collection de monnaies grecques,  constituée à l’image de son bon goût et d’une recherche pertinente, qui dénotent le vrai connaisseur.    L’inventaire établi à la demande de Samuel Pozzi, entre 1918 et 1921 par A. Dieudonné, donna lieu au premier catalogue de vente publié en Suisse par Naville. Devenu introuvable, il sera réédité en 1968 par la banque de Zurich.  En 1979 Serge Boutin complètera par une nouvelle parution éditée à Maastricht, les recherches de A. Dieudonné, et fera apparaitre de nombreuses monnaies absentes sur les deux premières parutions.

Le domaine de La Graulhet est actuellement une propriété privée.
                                                                                                                      La tombe de Samuel Pozzi est visible au cimetière du Pont-Saint-Jean