Ephèse, numismatique grecque

Le Temple d’ Ephèse

     Dans l’antiquité, Ephèse et son temple ( l’Artémision), comptaient parmi les sept merveilles du monde. Des sources écrites Hittites datant du XIVe siècle av JC citent le nom d’une ville importante des rois d’Ahiyaya : Apasas. Par ailleurs, des fouilles ont révélé qu’aux 14e et 13e siècles, des relations commerciales existaient entre Apasas (Ephèse) et les Mycéniens (établis en Grèce continentale).

  Une forte migration de grecs aurait eu lieu jusqu’au Xe siècle, époque où Androclès le fils du roi d’Athènes et ses amis demandèrent à l’oracle d’Apollon où construire une nouvelle cité sur les côtes de l’Anatolie de l’ouest. L’oracle leur annonça que l’endroit sera indiqué par un poisson et un sanglier. Arrivés à destination, alors qu’ils faisaient frire un poisson, celui-ci tomba de la poêle et enflamma les herbes sèches alentour ; c’est alors qu’un sanglier, caché dans la broussaille, fut pris de panique et détala. Androclès le poursuivi avec son cheval et le tua de son arc. Estimant que l’oracle était accompli, les grecs fondèrent la nouvelle cité portuaire. Il fut alors décidé de construire un temple en l’honneur d’Artémis dont les caractéristiques correspondaient à la déesse mère des anciens habitants de l’Anatolie : Cybèle.

Didrachme d’argent (collection de la BN)

  Au VIe siècle Crésus, rois de Lydie, attaqua Ephèse et proposa d’aider à la reconstruction de l’Artémision qui avait été incendié par les Kimmers. Avec l’arrivée de Crésus, dont les troupes avaient envahi toutes les cités de la côte de l’Egée, la pratique monétaire se développa et chaque cité se distingua par un symbole qui lui était propre. Ephèse fut symbolisé par une représentation d’Artémis associé à un cerf et une abeille (à la fois nourricière et capable d’une activité intense en référence à Cybèle) car la cité était très active au plan commercial.

   C’est à cette étape de la reconstruction du temple que le numismate s’émeut ! En 1904 lorsque HOGARTH ouvre un chantier de fouilles sous les restes du célèbre temple, il met à jour une trouvaille capitale, qui a permis la datation de monnaies trouvées dans un pot de terre, offrande alors coutumière à l’édification du monument, lors de son érection par Crésus, dans la seconde moitié du VIIe siècle av.J.C. Deuxième trouvaille l’année suivante dans un vase enfoui lui aussi dans le périmètre du temple.

  Inquiets du développement des cités de la Confédération Ionienne les Perses, après avoir capturé Crésus, envahirent alors toute l’Anatolie de l’ouest à partir de Phocée en 546 av JC. En 500, sous l’impulsion du tyran de Milet Aristagoras, débuta la révolte d’Ionie à la veille des guerres médiques (Marathon, Salamine) desquelles les Grecs sortiront vainqueurs mais les Perses resteront en Anatolie jusqu’à l’épopée d’ Alexandre le Grand qui arrivera à Ephèse en 324 av JC. (il mourra l’année suivante à Babylone)
  Selon une légende, la même nuit où naquit Alexandre de Macédoine, un fou nommé Arostrate incendia l’Artémision dans l’espoir de passer à la postérité. Mais lors de son passage à Ephèse, quand Alexandre proposa de financer sa reconstruction en échange de l’inscription de son nom sur le temple, les Ephésiens refusèrent qu’un dieu honore un autre dieu. Les femmes de la cité donnèrent leurs bijoux pour payer les travaux. Après sa dernière reconstruction, l’Artémision était à nouveau très visité jusqu’à l’avènement de l’Empire romain.
 

Tetradrachme d’argent

A l’époque romaine, l’empereur Auguste remplaça Pergame par Ephèse comme siège de sa capitale en Asie qui était par conséquent l’un des plus grands centres culturel et commercial de l’Empire mais le monnayage continua d’être frappé dans les deux cités. C’est à Ephèse que se réfugia la mère du Christ en compagnie de l’apôtre Jean tout deux expulsés de Jérusalem. Elle y mourut en l’an 46 pendant le règne de l’empereur Claude à l’âge de 64 ans.
  Le Pape Jean Paul II, est venu prier à Ephèse en 1979 révélant ainsi au monde entier l’existence de la maison de Marie. L’empereur Hadrien viendra deux fois à Ephèse. Pendant son séjour de l’an 129 il contribuera aux travaux de nettoyage et de désensablement du port.
  Enfin, en 263, une flotte gothique de 500 navires passant par le Bosphore attaqua. Ephèse et saccagea le temple d’Artémis. La cité fut par la suite progressivement abandonnée et ses ruines se trouvent à environ 10 km de la mer près de la ville Turque de Selcük . Sa population se déplaça vers Smyrne (aujourd’hui Izmir) là où certains historiens situent le lieu de naissance du poète Homère.
  Les plus anciennes monnaies du monde ont été retrouvées à l’emplacement de l’Artémision d’Ephèse. Cette trouvaille essentielle, aura permis de trouver un accord sur l’origine (Ionie et Lydie) et la date (milieu du VIIe siècle) des toutes premières monnaies,

(source: J.L. Suze)