9 janvier 2012

Le SERPENT à plumes -monnaie du Mexique

 Bien que environ cinq fois plus petit que les Etats-Unis, le Mexique est un grand pays (cinq fois la superficie de la France, cent millions d’habitants dont vingt pour la seule ville de Mexico). Il s’étend des USA au Guatemala avec une presqu’île sur l’atlantique : le Yucatan. Le relief se compose d’une partie centrale située en moyenne montagne recouverte de forêts tropicales et de cactus et, de part et d’autre, de ce prolongement des Rocheuses américaines surtout du côté du Golfe du Mexique une bande côtière assez sauvage et marécageuse.


   Il y a quatre vingt mille ans, des hommes et des femmes chasseurs cueilleurs ont franchi le détroit de Béring bloqué par les glaces, avec leurs traîneaux et leurs chiens et se sont aventurés sur une terre encore vierge de toute présence humaine. Peu à peu, ils ont investi ce nouveau territoire en allant toujours plus vers le sud. Puis, le réchauffement climatique a fini par les isoler sur ces nouvelles terres les coupant du monde extérieur. Ainsi, après une longue période de nomadisme, il y a environ trois mille ans ils ont inventé deux civilisations parallèles dans le centre des Amériques : la civilisation que l’on appelle Aztèque au Mexique et la civilisation Maya à cheval entre le Mexique et le Guatemala. En fait, ces deux civilisations sont le résultat d’un brassage important de populations suite à des guerres tribales qu’il serait trop long à expliquer mais dont l’histoire nous a été relatée par des historiens d’origine aztèque. On sait notamment que les Aztèques construisirent des pyramides à l’époque où l’empire romain dominaient l’Europe et qu’ils pratiquaient des sacrifices humains pour honorer les astres (ils pensaient que s’ils arrêtaient les sacrifices, le soleil cesserait de briller).
 





Comme métaux, ils ne connaissaient que l’or et l’argent mais ils savaient travailler des pierres semi-précieuses comme le jade et l’obsidienne (pierre très noire et très dure) dont ils extrayaient des pointes de flèches et des outils tranchants. Cette société, bien que ne connaissant ni la roue, ni les animaux de trait, était assez bien organisée et les échanges commerciaux s’effectuaient selon le système du troc, la fève de cacao étant la monnaie de référence (elle n’utilisera le monnayage métallique qu’à partir de l’arrivée des conquérants espagnols).








Les Mayas, de leur côté, avaient mis au point une écriture basée sur des pictogrammes qui rappelle, par la conception du cartouche, l’écriture égyptienne. Les deux civilisations maîtrisaient également les mathématiques, la connaissance de la nature et excellaient dans l’astronomie et l’astrologie de sorte que les Aztèques avaient conçu un calendrier plus précis que le nôtre, dans la mesure où il ne comportait pas d’année bissextile, duquel ils pouvaient prédire l’horoscope. L’horoscope aztèque tient compte de l’année de naissance et du jour de naissance et aussi, comme l’horoscope occidental des ascendants de l’individu ce qui suppose qu’ils savaient également établir un état civil. Ainsi, d’après votre année et votre jour de naissance vous étiez placé sous le signe du crocodile, de la maison, du serpent, du chevreuil, du lapin, du chien, du singe, du roseau, du jaguar, de l’aigle, du silex ou de la fleur.
Selon ce calendrier légendaire, tout les cinquante deux ans, devait se produire un évènement attendu depuis des siècles : le retour du Quetzalcóatl (sorte de dieu vivant parti vers l’est en des temps reculés et qui reviendrait un jour). C’est l’une des grandes énigmes de la culture des Aztèques. L’année 1519, placée sous le signe du roseau maléfique d’après les Grand Prêtres, correspondait à la date prévue d’un éventuel retour du serpent à plumes (le Quetzalcóatl). La même année, sur l’île de Cuba toute proche, le conquistador Hernan Cortès s’apprêtait avec deux mille hommes pour appareiller en direction de cette terre où aucun européen n’avait séjourné durablement. Arrivés sur la côte, l’accueil se passa plutôt bien malgré quelques volées de flèches. Pour dissuader les hommes de rebrousser chemin Cortès fit saborder les navires. Jour après jour, tous furent conduits sur les différents sites et devant les merveilles qu’ils voyaient, la cupidité gagnait peu à peu les esprits : la soif de l’or. Lorsqu’il rencontra Moctezuma, l’empereur des Aztèques qui croyait rencontrer son dieu, Cortès voyant Tenochtitlan (la future Mexico) bâtie à deux mille mètres d’altitude sur un immense lac se sentit, plus que jamais investi de la mission d’ « évangéliser  » ce peuple si différent du peuple espagnol : la conquête venait de commencer. Selon la légende, pour créer Mexico, les indiens Mexicas eurent la vision d’un aigle dévorant un serpent et c’est à cet endroit qu’ils décidèrent de construire un premier temple et plus: des pyramides. Depuis, cette représentation de la nature est restée le symbole du Mexique qui figure sur le drapeau national et les pièces de monnaies
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  Un vent de violence succéda à la surprise de la découverte. En l’espace de deux ans l’empire Aztèque fut balayé, beaucoup d’indiens moururent de mauvais traitements ou de maladies, des femmes se suicidèrent avec leurs enfants, on spolia les terres. Et puis, les siècles ont passé une sorte de compréhension mutuelle s’est installée. Le Mexique a gagné son indépendance en 1821. Aujourd’hui, il est un pays de contrastes tourné vers l’avenir où la culture est un mélange de traditions anciennes et de coutumes importées par les colons espagnols.
Les quelques monnaies qui illustrent cet article sont le reflet de l’histoire de ce pays au passé si riche et si mouvementé.
(source: J.Louis SUZE)